La Journée Mondiale de l'Eau
Ce lundi 22 mars nous invite à réfléchir aux problèmes de l'eau
Voici un article d'information proposé par le Collectif Adour Eau Transparente
La Sépanso et France Nature et Environnement pour la région Sud-Ouest
Irrigation du Sud-Ouest, on nous sort encore une sauce vieille de 40 ans…
Depuis quelques semaines, les manifestations d’irrigants se multiplient dans le Sud Ouest. Périgueux, Mont de Marsan, Agen, Toulouse… Quand on sait qu’à lui seul le bassin Adour Garonne regroupe 40% des surfaces irriguées françaises, on comprend mieux cette agitation.
Que se passe t-il donc ?
La France doit mettre en application la Directive Cadre européenne sur l’Eau et la Loi sur l’eau votée en 2006. Ainsi, dans le bassin Adour Garonne, ce sont 60% des masses d’eau qui devront atteindre un bon état en 2015 : à savoir bon état quantitatif, bon état qualitatif et écologique. Un des moyens d’y parvenir consiste à laisser davantage d’eau dans les cours d’eau. Dans cette optique, chaque préfet va fixer des volumes prélevables pour les 3 catégories d’usagers : agriculteurs (plus de 85 % de l’eau consommée en été au moment de l’étiage), les industriels et les consommateurs. On prévoit dans certains territoires, des baisses nettes des prélèvements autorisés, d’où l’inquiétude de certains agriculteurs et des marchands de matériel d’irrigation ! Et les mêmes slogans simplistes continuent d’être ressassés : « pas d’eau, pas d’emplois », « il faut nourrir l’humanité », « sans irrigation, pas d’agriculture ». Pour amortir le coup, les agriculteurs ne voient qu’une solution : il faut construire des réserves de stockage d’eau pour réalimenter les rivières en été. Et, on continuerait donc comme avant ! Pourtant, depuis 25 ans l’Agence de l’Eau Adour Garonne a financé 40 barrages et 1900 retenues collinaires. Dans le seul bassin de l’Adour, une trentaine de barrages stocke déjà 88 millions de m3.
Les associations de protection de l’environnement veulent informer tous les citoyens et faire remarquer au monde agricole, aux préfets et à l’Agence de l’Eau Adour Garonne que :
L’ONU pour cette journée mondiale de l’eau 2010 a choisi de rappeler que le thème de la qualité de l’eau est aussi important que celui de la quantité. Or, l’Agence de l’Eau Adour Garonne annonce que créer de nouveaux barrages sera une solution pour atteindre la bonne qualité. Pour nous, il s’agit ici d’un dévoiement de la position de l’ONU et du sens de la DCE : il est bien entendu que ce n’est pas par « la politique de la chasse d’eau » que l’on doit améliorer la qualité de l’eau…Les barrages impactent fortement les rivières (modification du régime des eaux, échauffement de la masse d’eau stockée, et dégradation du cours d’eau induites par les lâchers et surtout vidanges pour éliminer les boues qui s’accumulent au pied du barrage), ce qui est contraire aux objectifs européens (Directive Cadre sur l’Eau) et pourrait coûter très cher à la France en 2015. De plus, ils coûtent extrêmement cher à la collectivité, pour peu de retombées en terme d’emplois agricoles. ÿ Non, la maïsiculture intensive ne nourrit pas l’humanité ! Elle nourrit les bovins, porcs et volailles, en complément du soja importé. Elle est un des maillons de la mondialisation de l’agriculture qui produit des surconsommations énergétiques (engrais, transports, …) et ne permet pas aux pays pauvres de se nourrir. Ces derniers sont dépendants d’accords internationaux inégaux. Le modèle agricole de la maïsiculture irriguée intensive ne permet plus aux agriculteurs français d’avoir un revenu décent (Ce sont eux qui le disent !) Et ce n’est pas l’irrigation, qui augmente les rendements, qui permettra d’enrayer cela. Seule une véritable réforme de la Politique Agricole Commune (rotation pour toutes les cultures, y compris pour le maïs …) sera à même de rééquilibrer les écosystèmes et les revenus agricoles. Cette réforme est en cours et nous voulons qu’elle permette aux agriculteurs de vivre de la vente de leurs productions tout en les rendant moins vulnérables aux fluctuations des cours mondiaux. Nous ne sommes pas systématiquement opposés à l’irrigation des cultures. Mais il faut favoriser l’irrigation pour les cultures destinées à la consommation locale (maraîchage, arboriculture…). Ces agricultures sont fortement pourvoyeuses d’emplois, gardant ainsi nos campagnes vivantes. Rien à voir avec la production de maïs en monoculture jetant sur les routes européennes des camions de bétail engraissé. Les initiateurs du projet de barrage de l’Ousse, n’ont-ils pas d’état d’âme pour les agriculteurs dont les terres seraient noyées ? Eux qui par ailleurs déplorent la désertification agricole. Enfin, il faut que le monde agricole réalise que la bonne santé des rivières est vitale pour d’autres. Certaines professions en sont dépendantes : les pêcheurs, les ostréiculteurs, les sports en eaux-vives, les acteurs et petites communes développant le tourisme. De plus, des masses d’eau en bon état seraient une importante source d’économies financières pour les collectivités et la société.
En conclusion
Il n’y a pas de « lobby écolo », il y a simplement des citoyens qui veulent que l’eau soit considérée pour ce qu’elle est : un patrimoine commun de la Nation. A ce titre, ils veulent que les financements publics ne servent pas à construire des barrages, aménagements très coûteux, payés par les impôts, pour accentuer l’intensification de la culture du maïs avec son cortège de polluants de l’air et des eaux. Ils ne veulent pas que des investissements dispendieux handicapent le développement local pour plusieurs décennies. L’agriculture doit être réconciliée avec l’écologie et être relocalisée sur nos territoires.